Pourquoi la biodiversité n’est plus une option – mais une obligation.
1. Qu’est-ce que la Taxonomie européenne ?
La Taxonomie de l’Union européenne est un système de classification qui définit quelles activités économiques peuvent être considérées comme « durables » sur le plan environnemental. Finance+2CAP Conseil+2
Elle repose sur 6 objectifs environnementaux :
- l’atténuation du changement climatique
- l’adaptation au changement climatique
- l’utilisation durable et la protection des ressources en eau et marines
- la transition vers une économie circulaire
- la prévention et le contrôle de la pollution
-
la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes. KPMG+1
Pour qu’une activité soit “taxonomy-aligned”, elle doit :
- contribuer de façon substantielle à l’un de ces objectifs,
- ne pas faire de dommage significatif (DNSH) aux autres objectifs,
-
respecter des “minimum safeguards” (garanties sociales et environnementales). PwC Belgique+1
En Belgique, comme ailleurs en Europe, cela signifie que les entreprises doivent bientôt rapporter dans leur déclaration non financière à quel point leurs activités sont “alignées” avec la Taxonomie. PwC Belgique
2. Pourquoi le volet biodiversité ?
La biodiversité est devenue l’un des 6 grands piliers de la Taxonomie européenne. KPMG
L’EU Biodiversity Strategy for 2030 fixe des objectifs ambitieux : remettre la nature européenne sur une trajectoire de restauration d’ici 2030 (réduction de l’érosion des sols, restauration d’habitats, corridors écologiques). Environment
Pour les entreprises : cela veut dire que les activités liées à la nature, aux sols, à l’eau, à la faune et à la flore ne sont plus “bonus”, mais sont prises en compte officiellement dans la classification durable.
Un document récent montre qu’il existe un véritable besoin d’augmenter les investissements dans des activités “nature-positive” (positives pour la biodiversité). sustainablefinanceobservatory.org
3. Quel est l’impact pour une entreprise en Belgique ?
- Les grandes entreprises belges (industries, finance) sont déjà contraintes de publier leur part de chiffre d’affaires / CAPEX / OPEX “eligible” et “aligned” selon la Taxonomie. Par exemple, une étude PwC note que pour les entreprises industrielles belges, la part éligible est d’environ 29 %, alignée seulement ~12 % aujourd’hui. PwC Belgique
- Depuis 2024-2025, la portée va s’élargir (avec la Corporate Sustainability Reporting Directive CSRD) à beaucoup plus d’entreprises, ce qui implique que vous devez vous préparer maintenant, même si vous n’êtes pas encore dans le périmètre. KPMG+1
- En tant qu’entreprise immobilière ou aménagement paysager, cela veut dire : “Le fait de créer un site plus perméable, plus végétalisé, plus favorable à la faune et à la flore peut désormais être qualifié comme activité durable selon la Taxonomie — et donc valorisé”.
- En résumé : aménager la biodiversité devient un actif stratégique, pas un coût décoratif.
4. Comment se préparer, en 3 étapes simples
Afin de répondre efficacement au volet biodiversité de la Taxonomie, voici une méthode claire adaptée aux acteurs belges.
Étape 1 : Identifier les activités concernées
Regardez vos activités immobilières, vos constructions, vos sites d’entreprise :
- Est-ce que vos aménagements extérieurs incluent des solutions pour la biodiversité (habitats, corridors, sols vivants) ?
- Est-ce que vous avez des CAPEX ou OPEX liés à la nature ?
-
Est-ce que ces activités pourraient être “éligibles” selon la Taxonomie ? (c’est-à-dire potentiellement durables)
→ Cette étape permet de repérer les opportunités.
Étape 2 : Vérifier l’alignement & les données
- Pour chaque activité identifiée : vérifiez si elle contribue significativement à l’objectif “biodiversité / écosystèmes”.
- Vérifiez qu’elle ne nuit pas aux autres objectifs (DNSH).
-
Collectez les données sur : surface végétalisée, nombre d’espèces, perméabilité des sols, zones humides, etc.
Une entreprise belge peut ainsi construire un mini tableau de bord biodiversité.
Étape 3 : Documenter & intégrer dans votre reporting
- Inscrire dans votre rapport annuel ou déclaration extra-financière : part du chiffre d’affaires, CAPEX, OPEX alignés. greenomy.io+1
- Prévoir un plan d’actions pour augmenter l’alignement avec l’objectif biodiversité.
- Communiquer auprès de vos investisseurs, parties prenantes, équipes internes que vous avez une stratégie biodiversité.
5. Pourquoi agir maintenant ?
- L’initiative est déjà en cours : la Taxonomie est entrée en vigueur et les exigences vont s’élargir.
- Le marché valorise les entreprises vraiment durables, pas celles qui font du “greenwashing”.
- Pour les acteurs de l’aménagement paysager ou paysagistes, vous pouvez offrir une véritable valeur ajoutée : aider vos clients à devenir « aligned » avec la Taxonomie.
- En Belgique, la faible part actuelle d’alignement (12 % pour certaines industrielles) montre l’énorme potentiel d’amélioration.
Conclusion
La Taxonomie européenne n’est pas un simple document : elle change la manière dont on voit, gère et valorise les activités liées à la nature et à la biodiversité.
Pour une entreprise active dans l’immobilier, l’aménagement ou l’exploitation de sites, la biodiversité a désormais un rôle stratégique : mesure, amélioration, reporting.
En adoptant une approche structurée – identifier, aligner, documenter – vous pouvez passer de “est-ce que nous faisons bien ?” à “nous faisons vraiment bien pour la nature et pour l’entreprise”.